L'esprit
le comprendre et s'y relier

Publié le 29 Octobre 2022

De nos jours, on l’associe au mental, mais son sens premier est bien plus profond.
L’esprit est un point fondamental, mais sa compréhension seule ne suffit pas. C’est en cherchant à ressentir ce qu’est l’esprit qu’il révélera son potentiel.

Étymologiquement esprit vient de spiritus : “le souffle”. C’est le souffle qui nous anime.

L’esprit est le point le plus proche de ce qu’on pourrait qualifier comme “ce que je suis vraiment”, derrière tous les masques.

La profession que l’on exerce est un des masques.
Si on change de métier, on ne change pas ce qu’on est, on change ce qu’on fait. C’est la forme qui change, mais l'intérieur est toujours le même

L’émotion ne qualifie pas non plus ce qu’on est.
Ce que je suis au fond ne change pas que je sois en colère ou en joie. La forme va changer, mais pas l’essence.

La personnalité est encore un masque.
C’est ce point qui est difficile à intégrer souvent. Mais la personnalité n’est pas ce que nous sommes non plus.
Je reviendrai dessus, parce que souvent l’esprit est mélangé à la personnalité. Donc quand on dit “vous n’êtes pas votre personnalité”, les gens peuvent ressentir “vous n’êtes pas votre esprit” et c’est horrible comme sensation. Parce que justement c’est ce qu’on EST vraiment.
Donc si ça bloque, on peut considérer que l’esprit et la personnalité sont liés. Mais que l’esprit est la personnalité véritable. Celle qui n’est pas conditionnée par l'extérieur.

L’esprit ne change pas.
Tout change, tout meurt, mais l’esprit lui est immortel. Pour les croyants c’est la part qui survit après la mort.
Pour les non-croyants, on peut aussi la voir comme une part immortelle dans cette vie. Dans le sens, où peu importe ce qu’il arrive, l’esprit ne peut pas être changé ni atteint.
Le mental peut se briser, on peut tout perdre, mais l’esprit non.

L’esprit est parfait
On a tous des imperfections, mais elles viennent de la structure dans laquelle se manifeste l’esprit, pas de l’esprit.
Si on prend l’image d’une flûte. L’air qui traverse la flûte représente l’esprit. Si la note est fausse, le problème vient de la flûte pas de l’air.
Mais l’air n’est pas un son. Il a besoin de la flûte pour devenir une note.
C’est exactement pareil avec l’esprit. Il a besoin d’un mental et d’un corps pour se manifester.

Étant donné que ce n’est pas enseigné, pour la plupart des personnes il n’y a aucune différence entre mental et esprit. C’est vrai dans les mots, mais ça l’est aussi dans ce qu’ils vivent et ressentent à l'intérieur.

L’esprit est inaltérable, mais le mental non. Le problème quand ils sont à ce point mélangés c’est qu’on a l’impression que l’esprit devient altérable.

Ça rend l'évolution difficile et on peut avoir peur de changer, même quand c’est pour un mieux. On a l’impression que changer voudrait dire changer son esprit et c’est une sensation terrible.

Le plus gros problème lorsque mental et esprit ne font qu’un c’est qu’on pense être le mental. On a oublié ce qu’on est vraiment.

Ne pas avoir fait l'expérience de ce qu’est l’esprit, c’est comme se couper de que l’on est. Ça crée un vide à l'intérieur, qu’on peut être amené à chercher à l'extérieur.
Mais c’est surtout un profond mal être, comme quelque chose qui ne peut pas être comblé. On peut juste tenter de le voiler un temps avec des plaisirs extérieurs, mais ce n’est qu’un leurre.

Une fois qu’on a touché à ce qu’est l’esprit, c’est l’inverse. C’est comme si, quoi qu’il arrive à l'extérieur, il y avait toujours une sensation de bonheur au fond. Elle peut être recouverte de souffrance, mais rien ne peut l’éteindre.

J’ai conscience que pour certains ça paraît inconcevable.
Comment pourrait-on souffrir à l'extérieur, mais être heureux à l'intérieur ?
Un exemple pour percevoir cette sensation :
Imaginez que votre plus grand rêve se réalise, ça vous rend heureux. Maintenant si vous tombez et que vous vous cassez le bras. Vous allez souffrir, mais on sent bien que c’est une souffrance qui n’est qu’extérieure et que ça ne va pas éteindre la joie à l'intérieur.

En réalité, on n’a jamais été coupé de l’esprit.
Il est englué dans la matière. C’est une partie de ce qu’on qualifie comme mental.
Esprit vient du latin spiritus et c’est aussi la racine du mot alcool. Lui-même pouvant avoir le sens de “élément très pur, très fin”.
Et c’est exactement ce qu’est l’esprit. L’essence pure, au centre de ce que l’on est.

Ça peut être un déclic, mais ça peut aussi se faire par couches. Je dis ça parce qu’on peut se mettre à douter. On peut se dire un jour que l’on arrive à percevoir ce qu’est l’esprit, puis douter d’y être vraiment arrivé. En fait, ça n’a pas d’importance. Tant qu’on ne reste pas figé, si ce n’était pas vraiment ça, ça finira par l’être. Et quelque part, ça l’est déjà. C’est ce qu’on est. Le but est d’enlever les voiles qui le recouvrent. Pour reprendre l’exemple de la flûte (voir ici si vous l’avez manqué). L’air est présent dans la note. Donc même si on se trompe et que l’on prend une manifestation de l’esprit, pour être de l’esprit, ce n’est pas grave. L’esprit est aussi dans la manifestation, comme l’air est aussi dans la note.

C’est l’essence même de l’art. Arriver à mettre l’esprit dans la matière, à le rendre tangible. C’est ce qui différencie un artiste d’un technicien.

Certains musiciens sont de très bons techniciens, c’est impressionnant, mais on ne ressent pas grand-chose en les écoutant. À l’inverse, certains avec quelques notes arrivent à nous toucher.

Si vous pratiquez un art, vous pouvez l’utiliser pour toucher à ce qu’est l’esprit. Peut-être que vous l’utilisez même déjà sans le savoir. Quand on fait appel à la créativité, quelle qu’elle soit. Si on essaie de ressentir ce qu’il se passe dans un processus de création qui n’est pas intellectuel. C’est comme si le cerveau se mettait en mode réception et que quelque chose (un souffle ?) l’imprégnait. C’est exactement ça, ce souffle c’est l’esprit !

C’est d’ailleurs du mot esprit que vient le mot “inspiration” L’art aide à trouver l’esprit, mais c’est aussi vrai dans l’autre sens. Un fois qu’on sait se relier à l’esprit, il devient bien plus facile d'accéder à l’inspiration.

L’esprit est la présence qu’il y a derrière les pensées. En méditation, les pensées retombent et laissent plus de place à l’esprit. C’est donc naturellement plus simple d’y avoir accès.

Dans le cas où les pensées ne retombent pas, on peut se demander “d’où proviennent-elles ?”. En essayant de sentir la zone d’où sont émises les pensées.

Dans le cas où il n’y ai pas de sensation, il est possible de rajouter un exercice :

• Étape 1 : Visualisez un point, et cherchez son centre. En allant toujours plus au centre, comme si c' était impossible à trouver.
• Étape 2 : Essayez de faire comme si les pensées émergeaient de ce point.
  Il peut être plus facile de le voir dans un premier temps comme quelque chose d'extérieur.
• Étape 3 : Se demander “qui est entrain de regarder le point ?”.

La troisième étape peut prendre beaucoup de temps avant d’avoir une résonance.
Dans un premier temps, je conseille de rester uniquement sur 1 et 2.

Sans rentrer dans le détail pour chaque religion, on distingue trois niveaux qui reviennent fréquemment : corps - âme - esprit.
L’esprit est toujours ce qu’il y a de plus proche de l'immatériel. Ce qu’il y a de plus sacré. L’âme est traversée par l’esprit, elle est le premier véhicule de l’esprit.
On retrouve ce même triptyque en chine : Jing - Chi - Shen

Même si elle ne fait pas directement référence à l’esprit, je trouve que la théorie des cordes est extrêmement proche de ce qu’est l’esprit.

Si on zoome sur la matière, on trouve des molécules. Si on zoome encore, on trouve des particules. Mais selon la théorie des cordes, si on zoome encore on trouve une corde qui vibre et c’est cette vibration qui serait à l’origine de la matière.
Pour donner une idée de la taille, si une particule (qui est l’élément de la matière le plus petit qu’on arrive à observer) faisait la taille du système solaire. La corde serait de la taille d’un arbre !
On peut voir cette corde comme l’esprit de la matière. La vibration à l’origine.

Il existe plusieurs courants, mais pour Jung, l’esprit et mental étaient 2 choses différentes. L’esprit, qu’il appelait l'âme ou psyché, était une part non rationnelle. La part magique de l’homme, qui crée la réalité alors que le mental l’observe.
Il distingue le point de vue scientifique, qui nourrit le mental, avec un point de rationnel et objectif sur le monde.
Et le point de vue mythologique, les contes, légendes, etc. qui ont pour but de nourrir l’âme

L'œuvre alchimique peut être résumée en : Solve - Coagula (dissoudre et coaguler). Que l’on peut tout à fait associer à l’esprit. Dans l’étape de dissolution, il s’agit de séparer le subtil de l'épais. Les deux sont mélangés et l’inité devra les dissocier pour ensuite les rassembler. Ce n’est pas sans rappeler le mental et l’esprit, qui sont aussi mélangés au départ.

L'œuvre alchimique décrit presque toujours un processus extérieur. Travail sur des métaux, avec un creuset, etc. Mais ce sont toujours des allégories pour un travail intérieur.

L’esprit est un élément central, quel que soit la vision qu’on en ait ou le nom qu’on lui donne. N’oublions pas qu’il porte en lui une dimension spirituelle (spiritus) qui dépasse la matière et la pensée rationnelle.

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