La voie du guerrier
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Le mot “guerrier” peut rebuter, surtout lorsqu’on est en quête de sagesse et de développement de l’être. Pourtant on retrouve cette notion dans des courants totalement pacifiques comme le Taoïsme. Toute une partie de la pratique est consacrée au maniement des armes et aux pratiques martiales.
Il y a une première raison pragmatique, à l’époque, il fallait protéger les temples. Les moines étaient obligés de pouvoir se défendre.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui et pourtant cette pratique garde une place très importante.
Pourquoi ?
Les voies mystiques peuvent se séparer en deux grandes étapes :
- La première est de se connecter au centre. Peu importe le nom qu’on lui donne, c’est une phase de quête spirituelle, de recherche du sacré.
- La deuxième étape est la manifestation. On a fait l'expérience de quelque chose de grand, que l’on cherche maintenant à intégrer et manifester dans la matière. C’est là que le “combat” commence. Combat contre nos ombres, le combat extérieur devient le reflet du combat intérieur.
Si le mot de “guerrier” dérange, il peut être changé, mais le principe qui est derrière est essentiel. Il est la clé de la manifestation.
Il doit cependant être équilibré, pouvant très vite amener à des dérives.
C’est la voie du “guerrier pacifique”, le guerrier qui n’a pas d'ennemis et qui combat le cœur en paix.
Le combat intérieur
Ici, le combat intérieur est l’analogie du travail sur soi. La quête de perfectionnement de l’être.
Avant toute chose, le guerrier a besoin de trouver sa lame. C’est grâce à elle qu’il pourra mener le combat.
En langue des oiseaux, lame devient l’âme.
C’est en reconnectant avec son âme que le guerrier pourra trouver en lui la lumière qui lui permettra d'affronter ses ombres.
Encore une fois, peu importe le nom qu’on lui donne, mais cette connexion avec sa nature profonde doit être entretenue. De la même manière qu’une lame doit être affûtée régulièrement, le guerrier se doit d’affûter sa connexion à son âme.
Elle est la source de sa force, c’est par elle et pour elle qu’il combat.
L'intérêt de personnifier ses ombres
La vision d’un guerrier qui affronte des ombres peut sembler un peu enfantine, mais c’est au contraire dans cette apparente naïveté que réside tout le potentiel de cette approche.
Si on travaille sur une peur, on mettra bien plus de cœur en se sentant Chevalier affrontant un dragon que de la travailler froidement.
Bien sûr que la peur n’est pas “vraiment” un dragon. La voir comme un dragon permet non seulement de donner de meilleurs résultats, mais aussi d’y prendre bien plus de plaisir à l'affronter.
Le guerrier affronte ses ombres
Le deuxième intérêt de personnifier ses ombres est de les dissocier de soi. On s'identifie trop à nos zones d’ombres et c’est un vrai obstacle pour s’en libérer.
Il y a une forme de culpabilité, ce qui peut, soit empêcher de les voir, soit empêcher de s’en libérer.
C’est un peu le problème de la spiritualité non appliquée. On se connecte à la part de nous qui est réalisée, parfaite, mais on ne l’incarne pas. Il y a alors une énorme différence entre ce qu’on sent être à l'intérieur et ce qu’on est réellement dans la vie.
Le seul moyen de réduire cette différence c’est justement de travailler sur ses ombres. Transmuter ce qui empêche l’être véritable de devenir l’être manifesté.
Le combat extérieur
Le travail sur soi, la recherche d’évolution, n’est pas seulement un processus intérieur. L'intérêt c’est aussi que ça se traduise par des actes.
Que les gestes soient en accord avec la nature profonde.
On va cependant être confronté à deux barrières :
La première est due au fait que tout le monde à ses propres démons. On a tous des choses à régler et notre société ne nous pousse pas vraiment à le faire.
À moins de faire le choix de s’isoler dans un temple, on sera confronté tous les jours à cette obscurité.
Il est indispensable de pouvoir apprendre à y faire face. Sans que ça nous affecte ou nous pousse à abandonner d’évoluer.
Face à des personnes agressives, on aura une tendance naturelle à soit s’écraser, soit agir de manière agressive. C’est là que l’esprit du guerrier sera utile. Pour avoir la force de faire face sans avoir besoin de la colère.
La deuxième barrière est due à la différence. En faisant le choix d’agir différemment, on s'expose aux attaques. Une partie des personnes seront inspirées par cette attitude nouvelle et cela les poussera à elles aussi agir en accord avec eux même. C’est pour ces personnes qu’il est indispensable d’avoir la force d’agir.
Mais pour certaines personnes, ce sera insupportable. Le fait de voir ce qu’ils se sentent incapables de faire (alors qu’ils pourraient) les rend agressives et ils vont tout faire pour nous faire changer.
On retrouve la même chose dans le sport. Une personne qui fait une transformation physique va soit inspirer, soit provoquer une forme de jalousie.
Si l’on cherche à agir en accord avec sa nature profonde, la confrontation avec l’ancien monde est inéluctable. Il est cependant possible de pacifier au mieux cette confrontation.
Combattre “pour” et non “contre”
L’un des pièges dans lequel peut mener cette voie est de faire tomber dans la haine. L’autre devient un ennemi et on se sent agressé en permanence.
Lorsque l’on ressent ce genre d’émotion, c’est qu’il est impératif d'effectuer un réajustement.
La force du guerrier doit être employée pour défendre ce en quoi il croit plutôt que contre ce qui lui semble “mauvais”.
Ça peut sembler anodin, mais en réalité ça change TOUT !
Si lorsqu’on se retrouve dans un environnement chaotique, on se centre sur ce que l’on veut incarner et non ce que l’on veut détruire, on est plus guidé par la haine, mais par l’amour.
Ça demande une grande force de ne pas dévier de cette vision quand tout à l'extérieur nous pousse à entrer en réaction.
Si une petite fille se fait agresser dans la rue, on peut agir par haine pour l’agresseur ou par amour pour la petite fille que l’on veut protéger.
Dans les 2 cas, on agit, on se confronte et on combat, mais on voit bien que l’attitude et le ressenti ne sera pas du tout le même.
Même si cet exemple peut sembler très imagé et peu relié à la réalité du quotidien, il est en fait le reflet de ce que l’on vit tous les jours.
Lorsqu’on voit des personnes agir de manière injuste, on a le choix de ressentir de la haine pour ce qu'elles font. On peut aussi se centrer sur ce qui est juste pour nous et protéger cette vision en l’incarnant de toutes nos forces. Vouloir faire changer l’autre par la force est peine perdue, le seul moyen c’est par l’exemple.
Lorsqu’on met sa force au service de ses actes à soi, on devient une inspiration et c’est là qu’on a la capacité de changer le monde.
Percer le masque des apparences
De la même manière que l’on a tendance à s’identifier à nos ombres, on a tendance à identifier l’autre à ses ombres. Il est important de se rappeler que lui aussi est sujet à ses propres combats intérieurs. La plupart ignorent même qu’ils y sont confrontés et n’ont pas non plus les armes pour y faire face.
J’ai mis des années à comprendre que le combat que l’on menait à l'intérieur on pouvait aussi le mener à l'extérieur. De la même manière que l’on affronte ses propres démons, on peut affronter ceux des autres.
Transpercer les ombres de la personne pour percevoir sa véritable nature.
Cette vision change profondément la façon d’y faire face. Si on est confronté à une personne agressive, on perçoit qu’en réalité elle est prisonnière de ses démons intérieurs.
En tant qu’initiés, nous avons les armes pour pouvoir l’aider, mais aussi la responsabilité de combattre pour la libérer. C’est bien sûr une image, mais les images sont importantes.
En acceptant d’affronter ses ombres, les transpercer pour percevoir l’être véritable de cette personne, sa nature profonde. On change notre perception de cette personne et elle le sentira. On devient le reflet de ce qu’elle est et elle peut à travers nous percevoir sa véritable nature.
Une personne agressive à l’habitude d’être confronté à des réactions de soumission ou d’agressivité. Mais si l’on parvient à percevoir l’être réalisé et parfait qu’il y a en elle (dont elle a peut-être elle-même pas conscience), on peut générer un retournement. À travers le regard qu’on lui porte, elle perçoit ce qu’elle est vraiment.
La volonté de combattre est une bonne chose si l’on met sa lame au service des autres.
Même dans le pire des démons il y a une âme qui a besoin d’être libérée. On n’affronte pas un dragon pour le tuer, si on transperce le dragon c’est pour que la lumière qu’il porte en lui puisse sortir.
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Emilien V.