Yin Yang
symbolisme et pratique

Pour comprendre ce qu’est le Yin Yang il faut revenir à la vision taoïste de la création du monde.
À l’origine il y avait une conscience unique wuji. C’est un état de conscience absolu, mais non manifesté.  Pour se manifester, cette conscience avait besoin d’un espace. 

De là est naît une séparation entre une conscience pure et un vide absolu.
Cette conscience peut alors se mettre en mouvement et devenir une vibration. 
On a donc deux pôles qui se complètent. Un pôle yang, une vibration. Qui est dans un état d’émission. Et un espace yin qui permet de recevoir cette vibration.
Cette vibration porte en elle une alternance, un mouvement que l’on retrouvera dans chaque chose qui compose le monde.

Ce qui amène au premier sens du symbole yin yang, l’alternance. 
La nature a des cycles : le jour et la nuit, les saisons.
On a tendance à voir ces cycles comme des états : il fait jour ou il fait nuit, avec potentiellement une phase intermédiaire aube et crépuscule. Le yin yang enseigne qu’il n’y a pas de limite, c’est une montée progressive du jour (yang) puis une montée progressive de la nuit (yin).

Lorsque dans une journée on essaye dans un premier temps d’observer ces cycles, on peut percevoir la matérialisation concrète du yin yang. Il n’est plus simplement un symbole et devient quelque chose de réel et tangible.
Il est possible d’aller plus loin que la simple observation. En cherchant à entrer en résonance avec ce mouvement. 
C’est un courant extérieur nous affecte de toute façon, on le voit au printemps avec cette montée de l’énergie yang qui redonne de l’énergie ou à l’automne quand le yin descend et qu’on peut se sentir un peu déprimé. Lorsqu’on apprend à sentir et à se synchroniser sur ces courants, on arrête de les subir et on peut au contraire les utiliser.
Lorsqu’on voit l’automne plus simplement comme la fin des beaux jours, mais comme une montée du yin et de ses vertus. La perception du phénomène et la façon de le vivre changent complètement.

Un des principes à garder à l’esprit lorsqu’on cherche à appréhender le yin yang c’est que rien n’est fondamentalement yin ou fondamentalement yang. 
Si l’on prend l’exemple d’un sportif qui s’entraîne. Il alterne des phases d'entraînements yang et de repos yin. 

Mais dans une phase d'entraînement on retrouvera aussi du yin et du yang. Les phases yin étant par exemple la phase d’échauffement, de retour au calme ou le repos entre les séries.

Les phases de récupération auront elles aussi du yin et du yang. Le sommeil est une récupération yin, les étirements et massages par exemple peuvent être un exemple de récupération yang.

Le yin yang n’a pas pour but de classer les choses dans une catégorie, mais de permettre de trouver l’équilibre. On peut retrouver des listes qui classent ce qui est yin et ce qui est yang. Ça aide à comprendre, mais le piège serait de rester à ce niveau de compréhension. 

Le deuxième symbole du yin yang est l’équilibre des opposés.
Il ne s’agit plus d’une variation dans le temps de ses deux forces, mais de leurs équilibres dans l’instant présent.
C’est la rencontre au même endroit du souple et du dur.
Un bon moyen de comprendre et de développer ce principe est au travers des arts martiaux. 

Le pratiquant recherche l’équilibre entre un état de relâchement et de contraction, force et souplesse. 
Lorsque le corps est crispé, les mouvements sont plus lents. Si le corps est trop mou, il est fragile et sans puissance.
La souplesse du yin permet au yang de s’exprimer sans résistance.

C’est vrai aussi pour le mental.  S’il manque de yang il aura tendance à  divaguer et à être dans les nuages. Si il manque de yin il sera dans un état de panique, c’est l’effet tunnel. 
Lorsqu’il est à l’équilibre, on trouve cet état que certains appels état de flow. L’esprit est dans l’instant conscient de son environnement et dans une capacité de réaction instantanée.

L’erreur serait de penser que c’est un état  tiède où l’on recherche à ne surtout pas mettre trop de yin ou trop de yang. 
C’est l’inverse. 
On recherche le point d’équilibre pour justement pouvoir monter extrêmement haut en yin et en yang.  Pour monter haut en yang, il faut que le yin soit aussi haut et inversement

Il y a une précision à faire à ce niveau. Si on prend deux émotions opposées, colère et tristesse.  Il ne s’agit absolument d’alterner des états de colère extrême avec des états de tristesse extrême. Ce serait confondre l’émotion avec le principe. 
Derrière la colère, il y a une force qui nous pousse à l’action. Derrière la tristesse il y a une force de libération. Ce sont ces forces que l’on cherche à équilibrer. Lorsque l’équilibre est présent, l'émotion est au contraire bien moins présente, en tout cas elle n’a plus du tout la même forme.

On retrouve le même équilibre dans le caractère.
Si on prend l’archétype d’un caractère yang. Dans le positif c’est une personne forte, courageuse, très expressive, mais qui pourra dans le négatif avoir des tendances agressive, autoritaire. 
À l’inverse un caractère yin sera doux, bienveillant, dans la compassion, avec une forme d’innocence et de pureté. Mais qui pourra dans le négatif être ce que l’on qualifie de trop gentil, faible, naïf.

Le principal frein qui empêche les gens de rechercher l’équilibre, c’est la peur que ça vienne diminuer leur qualité. 
Que la faiblesse du yin vienne diminuer leur force. Que l’agressivité du yang vienne diminuer leur gentillesse. Mais ce n’est pas ça qui se passe. 
En réalité, la bonté du yin vient contrebalancer l’agressivité et la force du yang contrebalance la faiblesse du yin.
Lorsqu’on recherche l’équilibre entre le yin et le yang, on récupère le meilleur des deux mondes. 

Ça permet même d’aller plus loin. On peut monter plus haut en yang parce qu’on ne sera plus limité par l’agressivité. On peut monter plus haut  yin parce qu’on ne sera plus fragile et manipulable. 
Ce sont des énergies complémentaires qui ne sont pas là pour s’étouffer l’une l’autre, mais pour s’entraider.

Pour aller plus loin dans cette notion d’union des opposés. Si on reprend la vision de la création du monde des taoïstes. 
Le yang est associé à ce qui est subtil, spirituel. Alors que le yin est associé à ce qui est dense, matériel. 
Le yin yang enseigne deux choses :  

• La première, c’est qu’il n’y a pas de limite franche entre les deux. C’est une densification progressive de la même énergie. C’est un élément qui peut sembler anodin, mais en réalité ça change les choses de percevoir que la matière est composée de cette même vibration. Ce ne sont pas des choses séparées.
• La deuxième chose que nous enseigne le yin yang c’est qu’on ne peut véritablement développer un pôle qu’en développant aussi l’autre. 
  Si on développe l'aspect matériel seul, on aura toujours une sensation de vide non comblé.  C’est d'ailleurs exactement ce que c’est. Le vide du yin qui attend d’être rempli par le yang de l’esprit. L’esprit n’est pas le mental (voir article sur l’esprit). 
  On le voit chez certaines personnes qui ont tout sur le plan physique : santé, argent, relations. Mais qui pourtant ne sont pas heureuses. 

L’inverse est vrai aussi, il est impossible d'intégrer pleinement la dimension spirituelle sans travailler aussi sur le corps physique pour l’incarner. 
Dans les monastères taoïstes, les moines ont une grande partie de leur temps qui est consacré aux pratiques de yang sheng visant à renforcer la vitalité du corps.

La dimension spirituelle n’a pas pour but de rester uniquement dans l’esprit. Mais de descendre jusque dans la matière. Cela passe donc nécessairement par un travail sur le corps.

Les applications du yin yang sont infinies, il est présent dans chaque chose.  Apprendre à le percevoir et rechercher à l’équilibrer amènera toujours quelque chose de positif et permet très souvent de résoudre des problèmes que l’on pensait insolubles.

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